Coopérations Fertiles #5
Grain&Sens - du 23/05 au 04/07/2022
AUDIO – Transcription du récit de Zoé : disponible sur Youtube
Rencontres, échanges, appréhensions, joies, premières fois. Ce sont les mots que m’évoquent les débuts de ce CF#5, ceux de nos premiers moments, nos premiers contacts en tant que groupe. Les regards, les craintes, l’émerveillement, l’hésitation des premières approches, incertaines, tâtonnantes, délicates. S’apprivoiser sans se brusquer, doucement, comme si chaque regard était une caresse, une invitation à se faire confiance, un signe de respect. Comme pour se dire : je suis là, moi aussi j’ai peur, regarde, tu peux compter sur moi.
L’aventure a commencé lundi 23 mai à 18h. Nous nous sommes retrouvé.es dans une grande salle, la « salle transfo », celle qui serait notre salle de formation pour les semaines à venir. D’abord, chacun.e s’est regardé, puis présenté avec un geste associé à son prénom. Moi je me sens timide, j’ai le trac, la trouille. Une des formatrices nous propose un temps d’automassage, alors je m’ancre un peu. S’en suit un temps d’explication de quelques règles à suivre et présentation de la formation ; puis un tour de parole et d’engagement autour de la question du covid, et quelques désaccords émergent. Là j’appréhende : et si on ne s’entendait pas ? Puis, temps dans le corps de nouveau : on se lève, on marche, on s’approprie l’espace. De nouveau je me sens timide, j’ai le trac, j’ai la trouille. D’habitude j’aime la foule, croiser des regards, en faire de petites rencontres éphémères. Ici je me sens comme encerclée de tous ces regards, de tous ces gens avec qui je vais passer 6 semaines. 6 semaines : 42 jours, 1000 heures, un mois et demi d’été. Et puis l’on nous dit de nous arrêter en face d’une personne dont on rencontre le regard. 3 rencontres, 1 question pour chaque personne et 2 minutes pour y répondre : comment ça va vraiment ? qu’est-ce que je suis prête à partager ? à recevoir ? Timide, trac, trouille, des gens autour de moi pleurent, certain.es parlent fort, certains regards me dérangent, je me sens enfermée dans l’espace, j’aimerais être toute petite et pouvoir simplement observer ces corps, sans leur faire face. 3 nouvelles rencontres, muettes cette fois : on se regarde et puis on danse, en miroir. J’essaie de trouver du confort, de la sécurité dans les yeux des autres, parfois j’y parviens, le temps d’une chanson, et parfois le besoin de fuir se fait trop pressant, alors je l’écoute, je détache mon regard, pour mieux revenir.
Ces premiers instants partagés, ces premiers contacts sont désormais gravés dans mon cœur, et font partie d’une galerie de tableaux fertiles, nouvel espace aménagé dans le musée de mon cœur, qui promet de se remplir à foison d’ici la fin de ces 6 semaines. 6 semaines : 42 jours, 1000 heures, un mois et demi d’été. 42 jours qui auront commencé par une semaine de rencontres sensorielles, émotionnelles, et spirituelles. Nos corps se sont connectés, puis nos cœurs, et nos esprits enfin. Un lien étroit à commencé de se tisser entre chaque membre de cette nouvelle membrane qu’est notre groupe d’artisan.es fertiles : une membrane neuve et donc à la fois fragile et forte, souple et tendue encore par la nouveauté de ces liens. A l’heure où j’écris ces mots, je suis habitée d’un immense sentiment de reconnaissance, pour les chants, pour les mots, pour les danses, pour les regards, pour les ateliers proposés, les apprentissages, les rêves partagés, les discussions que l’on nourrit, les repas que l’on célèbre, la vie qui nous anime, pour le groupe, mon groupe, ce groupe CF#5, un groupe où je peux être moi tout en portant attention au nous, un nous que je soigne et un nous qui me soigne, un nous qui ressemble à la maison.
Le récit de Manon :
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« Je navigue sur le parcours Fertile depuis 2 semaines déjà et je suis à fond ! Avant de venir, je disais à mes ami-es curieux-ses de ce que j’allais bien faire durant 6 semaines : » je vais me former pour créer un projet collectif ! »
En fait, moi-même, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et la première semaine, j’étais encore plus perdue qu’en arrivant ! Parce que ce qu’on fait ici c’est un chouille plus complexe que ça.
Par exemple ; j’apprends à écouter et à formuler mes propres besoins. Maintenant je sais ce dont j’avais besoin avant : être entourée de personnes bienveillantes, courageuses, désireuses de se transformer pour s’aligner à leurs valeurs. C’est ce que j’ai trouvé ici. Grace à ça, je suis en train de me redonner confiance en moi et de me booster à avancer dans mes projets.
J’ai l’impression qu’on est des hippies modernes poussés par l’envie de faire, comme si on faisait partie des pionniers du monde que l’on souhaite.
Rien que l’idée qu’il existe une formation pour savoir vivre ensemble, me parait irréel comme si il existait un guide pour réussir à sauver la planète.
Par exemple, cette semaine était sur le thème de la coopération, on a eu quelques cours théoriques sur la CNV (communication non violente), l’espace de liberté : pour conscientiser le cadre dans lequel on va interagir, sur l’intention pour formuler « vers où je vais ». On nous fait vivre des ateliers sensoriels, ce qui est entrain de faire renaître mon goût pour la danse, et également des exercices de mise en situation comme créer un concept d’épicerie solidaire à 24 en une heure.
On pratique aussi l’autogestion sur le lieu de formation dans lequel nous vivons et expérimentons tous les jours ensemble.
J’apprends la souveraineté : ça veut dire que je suis la seule à pouvoir répondre à mes propres besoins. Et nous sommes très encouragé-es à le faire sans jugement.
Outre les heures de formation, on se fait plaisir, on crée des spectacles, on fait du yoga, on va sortir aux évènements locaux, on danse, on chante et on joue beaucoup.
Voilà, j’espère que ce portrait de parcours ne vous fait pas trop penser au monde des bisounours mais c’est quand même le meilleur des mondes ici. Des bisous ! »
Le récit de Maëlys :
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« Cette semaine, nous avons exploré les possibles engagements en nous formant et en enrichissant notre boîte à outils.
Mais avant cela, petite rétrospective de notre gouvernance partagée, qu’il est important de réajuster : plan, do, check, act ! Grâce à la méthode des chapeaux de De Bono, nous avons pu rendre visible des dysfonctionnements et proposer des petits pas pour modifier ou ajouter de la valeur à notre gouvernance.
Ancrage et rêves, la réalisation de notre arbre de vie nous a permis de questionner nos racines, nos valeurs, nos compétences, nos rêves, nos piliers humains et nos pépites.
Un peu de sciences maintenant et place à la fresque du climat !
Et pour ne pas rester déprimé-es face à ces constats et passer à l’action, nous avons questionné les mesures qui pourraient être prises par les entreprises, l’état et les citoyen-nes, pour lutter contre le triangle de l’inaction, dans les domaines les plus émetteurs de gaz à effet de serre.
Nous avons également été formé-es à l’outil fresque du climat pour le diffuser au plus grand nombre et déclencher des prises de conscience et des passages à l’action !
Petit temps d’introspection et d’échange avec nos supers alumni et formatrices pour creuser nos projets d’engagement et test d’une méthode de gestion de projet pour la réalisation de plusieurs projets au sein de l’écolieu que nous habitons.
Pour clôturer cette belle semaine, Paul et Sophie nous ont offert un bel espace de 2 jours de travail qui relie pendant lequel nous avons exprimé notre gratitude, honoré notre peine, changé de regard et sommes allé-es de l’avant. Beaucoup d’émotions, de regards intenses, de discussions profondes, d’accueil et d’amour. Je ne vous en dit pas plus, c’est en le vivant que vous le comprendrez…
Après cette semaine chargée, ces soirées à chanter au coin du feu, de massages et de jeux, place au repos (ou à la baignade 😛).
À la semaine prochaine !
Fertîlement votre,
Maëlys »
Le récit d’Ariane
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“ Pour vous raconter notre cinquième semaine de formation, je vous invite à plonger avec moi à l’écolieu Grain&Sens. Je sens l’odeur de pain chaud qui me chatouille les narines. J’entends le murmure des conversations, les rires, les chants. J’observe les papillons posés sur la lavande et les buses qui tournoient dans le ciel. Après le déjeuner, je pourrais faire la sieste sous le tilleul, arbre de 300 ans qui veille sur le lieu ; lire un livre de la bibliothèque partagée dans le hamac ; jouer avec la chienne Cascade…
Mais comme je suis en formation, j’ai un emploi du temps bien rempli ! L’intention de cette semaine, c’était de mettre en pratique ce que l’on a appris en semaine 4 sur la facilitation. Seul.e, en binômes ou en trinômes, nous avons créé et animé des ateliers à la sauce Fertiles : une approche dans la tête, le cœur et le corps qui prend soin d’ancrer et de célébrer les apprentissages.
Cette semaine donc, des talents se sont révélés. Lundi, c’était un atelier de sensibilisation au numérique pour mettre de la conscience sur notre usage de la technologie. Mardi, nous étions en autonomie outillée pour creuser nos engagements. Mercredi matin, nous avons célébré le solstice et fait une Deep Time Walk dans la forêt, pour retracer en marchant les 4,6 milliards d’années d’existence de la Terre. L’après-midi, nous avons découvert l’artivisme (œuvres engagées / militantisme artistique) puis imaginé nos propres actions. Jeudi, on a vécu la Fresque des Résistances et imaginé notre « communauté de l’après » : une fois le parcours terminé, comment continuer à faire vivre ce groupe, à nourrir et grandir nos liens, nos rêves en commun ? On prévoit déjà de nombreuses retrouvailles, et des appels et messages « météo » pour partager comment on se sent.
Comme chaque semaine, on a aussi créé du lien avec les habitant.es du lieu. Le paysan-boulanger nous a présenté son activité, et nous avons passé du temps au jardin pour donner de l’amour aux pommes de terres et aux tomates.
Pour les soirées, on a organisé des activités d’expression corporelle et artistique. Lundi, c’était un cercle de chant ; mardi, on s’est dessiné les un.es les autres à l’atelier modèle vivant ; mercredi, on a fait de la danse contact ; et jeudi, du théâtre d’impro.
Je ressens beaucoup de tendresse, d’ondes positives, de soutien et de joie au sein du groupe. Nous sommes liés par la tête, le cœur et le corps. Par tous les apprentissages partagés, les émotions traversées ensemble, les câlins et danses collectives. Danse miroir, danse contact, danse improvisée de fin de journée pour se détendre et célébrer…
Et à toi, curieux, curieuse qui me lit, je te souhaite aussi de la tendresse et de la joie !
Ariane, artisane Coopérations Fertiles #5 ”
Le récit de Lola
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“ Nous y voilà … C’est la 6ème semaine du parcours. C’est la semaine des « derniers » : le dernier mardi matin, les dernières « mains dans la terre », la dernière caresse pour Cascade, le chien du lieu, la dernière fois que je mange le pain de Raphaël et Kim, la dernière nuit sous les étoiles de grain et sens, la dernière fois que j’admire la vue sur les montagnes Ardéchoises.
Si jamais ces « derniers » ne résonnent pas dans la tête des participant.e.s, le planning est là pour nous rappeler que c’est la fin : « Clôture coopération », « Clôture engagement », « Clôture avec les habitant.e.s du lieu », « Clôture du parcours » …
Le dernier samedi, nous avons fait un « brunch pitch ». Autour d’un brunch, j’ai pu entendre des discours inspirants qui résonneront en moi pendant un certain temps, je le sais.
Jean David, le poète de la promo, nous a invité à réfléchir à l’utilisation du mot « clôturer », il nous a partagé que lorsqu’il entendait ce mot, il voyait l’image d’une clôture de jardin. Une clôture qui ferme, qui restreint. Le mot « clore » est selon lui plus approprié, il ferme moins et « clore », ça fait penser à « éclore », comme une fleur qui s’ouvre.
J’ai beaucoup aimé cette réflexion. Et quand je repense à cette dernière semaine, c’est maintenant le mot « éclore » qui me vient.
J’ai assisté à la naissance de très jolies fleurs : les artisan.e.s fertîles. J’ai été émerveillée de voir leur puissance, notamment lors de la matinée « Que faire après fertîles ? ». Chacun.e a pu partager comment il se projetait dans les mois à venir. J’ai eu le sourire pendant toute la matinée, pleine de fierté de faire partie de ce collectif.
A vous, qui avez partagé mon quotidien pendant ces 6 semaines : vous êtes extraordinaires. C’est beau de vous voir outillé.e.s et ancré.e.s prêt.e.s à aller planter des graines d’engagement autour de vous.
Cette semaine n’est pas la fin. C’est le début de quelque chose et j’ai hâte (lentement) de découvrir ce que cela aura à m’offrir.
Merci fertîles. <3”